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Sport et Reconversions
3 avril 2009

Vincent Guérin : « A vingt-deux ans, je pensais déjà à ma reconversion »

P1010126C’est dans les bureaux de sa société Vincent Guérin Sports, dans le XVIIème arrondissement de Paris, que Vincent Guérin nous a reçus. Agé aujourd’hui de quarante-trois ans, l’ancien joueur du Paris Saint-Germain revient sur sa carrière, et nous parle de sa reconversion.

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

C’est l’ensemble. Ca n’est pas un évènement plus qu’un autre. J’ai la chance d’avoir fait de ma passion mon métier, d’avoir connu le monde professionnel. J’ai gravi les échelons assez rapidement parce que je suis arrivé à dix-huit ans dans un club professionnel, donc assez tard par rapport à la moyenne. Je n’ai pas fait de centre de formation, j’ai été appelé rapidement en Equipe de France Espoirs avec laquelle j’ai été champion d’Europe Espoirs. On est la seule génération en France à l’avoir été. Au fil du temps, j’ai eu le privilège de remporter beaucoup de titres. La coupe de France, la coupe de la ligue, le championnat de France, la coupe d’Europe… On a aussi participé à cinq demi-finales de coupes d’Europe consécutives (NDLR : entre 1992 et 1997, avec le PSG), il y a trois clubs en Europe qui y sont parvenus depuis la création des compétitions européennes. On peut toujours retirer un évènement, mais c’est surtout la carrière assez riche que j’ai eu que je retiendrai.

Avez-vous un regret ?

Aucun. Comme je l’ai dit, j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir faire de ma passion mon métier, de gagner beaucoup de titres, d’être pro. Donc globalement, je n’ai pas à me plaindre. Je pense qu’il y a beaucoup de joueurs qui aimeraient avoir ce parcours. J’ai aussi été élu meilleur joueur du championnat de France par les journalistes mais surtout par les joueurs eux-mêmes. C’est très valorisant pour quelqu’un d’être reconnu dans sa profession. J’ai eu aussi une sélection avec l’équipe d’Europe qui est un peu passée inaperçue, mais pour moi, c’était quelque chose de fantastique. D’ailleurs, il y a très peu de joueurs français qui ont joué pour une sélection européenne, et en plus j’avais marqué ce jour-là !

Qu’avez-vous ressenti lors de votre dernier match ?

J’étais en Ecosse où je jouais pour Heart of Midlothian. Les dirigeants voulaient que je renouvelle mon contrat, mais j’avais décidé d’arrêter depuis quelques mois. J’ai reçu une standing ovation à la fin du match. Ca vous donne la chair de poule. J’ai été agréablement surpris par cet accueil étranger. Ca m’a beaucoup touché.

Vous êtes-vous autorisé des choses après votre carrière que vous vous interdisiez lorsque vous étiez professionnel ?

Oui et non. Je n’ai jamais été dans l’excès pendant ma carrière. Je ne l’ai pas été après, et je ne le suis pas spécialement aujourd’hui. Stopper ma carrière m’a permis de partir davantage en vacances en profitant pleinement de ma famille, sans limite de temps, sans contrainte.

A quel moment de votre carrière avez-vous commencé à envisager l’après foot ?

Très tôt. A vingt-deux ans, j’y pensais déjà. J’aimais bien la fiscalité, les produits financiers, mais je songeais aussi à ouvrir un magasin, un restaurant, un centre sportif… il y a plein d’idées qui viennent à l’esprit. Mais c’est très difficile de se projeter dans l’avenir car il faut surtout se concentrer sur sa carrière, et ne rien regretter. Je réalisais la chance que j’avais.

Le terrain ne vous manque-t-il pas ?

Si, on y pense de temps en temps. J’ai entraîné pendant deux ans la CFA du PSG où j’ai eu la chance d’avoir une belle génération. La première année, on a été champion de France des dix-huit ans. Ca n’était jamais arrivé au club. Il y a eu des hauts mais aussi des bas. La deuxième année a été plus compliquée. Mais le plaisir principal est de voir l’évolution des joueurs. Ngoyi, Sankharé, Sakho, Chantôme, Boli sont passés professionnels. Mvoto est à Sunderland, Ngog à Liverpool… et j’en oublie. Ca fait beaucoup de joueurs pros, et c’est une grande victoire.

Pourquoi ne pas avoir continué sur cette voie ?

Ce qui m’intéressait c’était d’aller vers une structure professionnelle. A la base j’étais venu avec Laurent Fournier pour ensuite rebondir, et aller l’épauler dans la section professionnelle. Malheureusement, ca ne s’est pas fait, je suis resté avec la CFA, suite à son départ (NDLR : Fournier a été limogé en décembre 2005 par le président de l’époque, Pierre Blayau). Au bout de cette mission, je voulais aller un peu plus haut. Je pense que je suis davantage fait pour le niveau professionnel que pour former des jeunes. Je n’ai pas eu de proposition, c’est pour cela que j’ai décidé d’arrêter, peut-être momentanément, car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans la vie. J’aurais aussi bien aimé occuper d’autres fonctions. Avoir un regard sur le recrutement, sur les équipes adverses. Bref, trouver un rôle dans une cellule professionnelle, quel qu’il soit. Quand on a côtoyé le haut niveau, c’est dur de revenir à l’échelon inférieur. A l’extérieur, on nous dit qu’un ancien joueur ne fera pas forcément un bon entraîneur, mais on voit que les coachs des grandes équipes sont très souvent des anciens pros.

De quoi vous parlent les gens qui vous reconnaissent dans la rue ?

Du but que j’ai marqué contre Barcelone (NDLR : en 1995, le PSG élimine le Barca en quart de finale de la ligue des champions grâce à ce but). On me parle aussi de celui que j’ai inscrit avec la France contre la Slovaquie (NDLR : match comptant pour les éliminatoires du championnat d’Europe des nations 1996). C’est sûrement le plus beau but que j’ai marqué : une reprise de volée à une dizaine de mètres des buts en pleine lucarne. Je pense que je peux refaire cinq cents fois ce geste sans parvenir à le réaliser. J’étais à ce moment là sur un nuage, tout me réussissait. C’était fabuleux car c’était ma première sélection. Je courrai après. Je marque un but, fais trois passes décisives, et on gagne 4-0. C’était le rêve pour moi.

Quelles sont vos activités aujourd’hui ?

Aujourd’hui je suis gérant d’une société d’évènementiel sportif qui s’appelle Vincent Guérin Sports. On fait d’une part, de la relation publique, et d’autre part, de la prestation sur mesure, comme l’organisation de soirées évènementielles, de tournois de sport mais aussi d’autres thèmes comme de la gastronomie, de l’art, de l’œnologie… C’est très vaste. En fin de compte, on organise des évènements pour des sociétés.

Vous faites partie du comité national de l’arbitrage… en quoi cela consiste ?

Via la LNF et la FFF, on nous a demandé de mettre en place cette commission pour essayer d’éradiquer les nuisances qu’on peut soupçonner aujourd’hui dans le football, tenter d’apporter de la clarté sur tous les actes d’antijeu et éventuellement de blanchir des joueurs, et essayer d’améliorer l’arbitrage pour qu’il y ait une meilleure atmosphère sur le terrain.

Vous avez était consultant TV pendant un certain temps. L’être à temps plein ne vous a pas intéressé ?

Je l’ai été pendant très longtemps. J’ai fait une école de journalisme à la fin de ma carrière pendant un an et demi, à l’Institut professionnel de journalisme, avec Laurent Fournier. J’ai beaucoup travaillé pour Canal plus, sur le kiosque, pour les championnats français et étrangers, pour la ligue des champions, pour TPS et pas mal de chaînes du bouquet satellite. Mais je n’ai jamais eu de contact direct pour réellement en faire mon métier, c’est aussi pour ça que je suis en face de vous aujourd’hui.

Avez-vous gardé contact avec vos anciens coéquipiers ?

Oui. Notamment Laurent Fournier parce qu’on a joué cinq ans ensemble au PSG. C’est le principal joueur avec lequel je m’entends bien. Le problème, c’est qu’on est dispersé un peu partout, donc on se perd un peu plus de vue.

Retournez-vous souvent au Parc des Princes ?

Oui. Professionnellement, j’emmène des clients au stade. Et puis il y a le plaisir personnel d’aller au Parc des Princes, qui est un peu comme mon jardin. Je suis né à la clinique du Parc des Princes. C’était peut-être un signe ! C’est vrai que c’est un stade que j’adore, où j’ai évolué pendant sept ans, un an au Matra Racing, six au PSG.

Pour conclure, Que pensez-vous du retour du PSG au en haut de l’affiche ?

Ca fait deux ans qu’on souffrait. Quand on a un peu d’amour pour ce club, c’est difficile de vivre ces moments-là. Retrouver le club là où il est, c’est toujours plaisant, tout en sachant qu’on en veut toujours plus. Mais il faut savoir d’où l’on vient. Actuellement, ça se passe un peu moins bien (NDLR : le club a perdu ses deux derniers matchs de championnat), et, à la fin, le classement ne sera peut-être pas à la hauteur des espérances qu’on a pu entrevoir en cours de saison. Mais il ne faut pas oublier d’où vient le club. Il faut encore trouver plus de constance dans les résultats, et, dans le recrutement, avoir des joueurs références. C’est important.

PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT GUERIN

Vincent GUERIN :

Né le 22 novembre 1965 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)

Poste : milieu de terrain

Clubs successifs : Brest (1983-1988), Matra Racing (1988-1989), Montpellier (1989-1992), Paris SG (1992-1998), Heart of Midlothian (Ecosse, 1998-1999).

Palmarès : Champion de France 1995 (Paris SG), Vainqueur de la Coupe de France 1990 (Montpellier), 1993 et 1995 (Paris SG), de la Coupe de la Ligue 1995 (Paris SG), de la Coupe des Vainqueurs de Coupes 1996 (Paris SG), Champion d’Europe Espoirs 1988 (France), Meilleur joueur français 1995 (Paris SG), International A (19 sélections, 2 buts).

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